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– Petite histoire de la faune de l’île d’Oléron…
– Inventaire succinct des espèces recensées à Oléron…
– Où peut-on voir des animaux sauvages à Oléron ?
– 1) La forêt domaniale de Saint-Trojan-les-Bains
– 2) Le littoral, de la Pointe des Doux à Fort Royer
– 3) Les Salines
– 4) Les lagunes de la Bétaudière
© Texte et photos Christian Bavoux, le Marais aux Oiseaux. Plus d’infos.
Dernière mise à jour le 02/02/2021.
Amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères de l’île d’Oléron
Petite histoire de la faune de l’île d’Oléron…
Au XIXe siècle, quelques rares informations concernant les oiseaux et les mammifères de l’île d’Oléron sont collectées par Lesson (1841 et 1886), Beltrémieux (1864 et 1884) et Savatier (1886 et 1888). À l’époque, ces auteurs défrichent un domaine encore peu exploré. Il faut attendre les excursions ornithologiques de Magaud d’Aubusson (1909) – qui a joliment surnommé Oléron : « l’île des Chardonnerets » – et le catalogue des oiseaux de Bonnet de Paillerets (1927) pour avoir une meilleure connaissance de l’avifaune oléronaise. Quelques années plus tard, Heim de Balsac (1940) publie ses comptes rendus mammalogiques alors qu’Angel (1946), quant à lui, établit la première liste des amphibiens et des reptiles. S’ensuivent de nombreux écrits épars qui apportent des précisions sur une espèce donnée ou un « groupe d’espèces ».
Dans les années 1970, la multiplication croissante des vocations naturalistes permet d’établir des listes systématiques plus complètes, mais aussi d’apporter des précisions sur le statut des espèces (évolution des effectifs, biologie de la reproduction…). Il en découle trois publications dressant un panorama se voulant alors le plus exhaustif possible des vertébrés “terrestres” : la première est dédiée à l’avifaune nicheuse (Nicolau-Guillaumet & Burneleau, 1979), la seconde se rapporte à l’herpétofaune (Duguy & Burneleau, 1981) tandis que la dernière traite spécifiquement de la faune mammalienne (Bavoux et al., 1982). Ces inventaires sont réactualisés périodiquement – avec la participation active du Marais aux Oiseaux –, les peuplements faunistiques évoluant dans le temps : diminution ou disparition de certaines espèces, apparition d’espèces colonisatrices… Aussi étonnant que cela puisse paraître, quelques espèces particulièrement rares, discrètes et/ou difficiles à identifier – par exemple certaines chauves-souris – n’ont sans doute pas encore été recensées. Pour preuve, la découverte en 1998 d’un crapaud, le Pélobate cultripède qui vit dans le milieu dunaire et les zones humides associées : jusqu’alors, sa présence avait totalement échappé à l’attention des naturalistes locaux (Thirion & Vrignaud, 1999).
Inventaire succinct des espèces recensées à Oléron…
Parmi les quelque 360 espèces d’oiseaux observées à Oléron depuis 1975, 140 ont été répertoriées comme nicheuses. Nombre d’entre elles sont emblématiques en raison de leur rareté, de leur répartition géographique ou encore de leur abondance locale : le Bihoreau gris – surnommé “corbeau de nuit” en raison de ses habitudes crépusculaires et de son cri guttural –, la Cigogne blanche qui a niché pour la première fois sur l’île en 2005, le Tadorne de Belon qui rassemble ses jeunes en « crèches » sous la conduite de quelques adultes, le Circaète Jean-le-Blanc, grand consommateur de couleuvres et autres reptiles (1 à 2 couples nicheurs pour toute l’île), le Busard des roseaux aux ailes étroites tenues en V lors des vols planés, le Petit-duc scops – ce tout petit hibou est un migrateur au long cours (un jeune né à Saint-Georges-d’Oléron en 1986 a été retrouvé l’hiver suivant en Côte-d’Ivoire) –, l’Engoulevent d’Europe, un oiseau crépusculaire dont le chant est une sorte de ronronnement agrémenté de claquements d’ailes lors des parades, la Huppe fasciée au chant le plus souvent trisyllabique : houpoupou…, la Gorgebleue à miroir – le « rossignol des marais » – dont un individu bagué en hiver au Portugal a été revu non loin d’Arceau…
Les mammifères « terrestres » sont représentés par 42 espèces dont l’une des plus emblématiques est la Loutre d’Europe. Plusieurs espèces présentes sur le proche continent sont absentes comme le Putois d’Europe ou la Martre des pins. D’autres n’ont pas été répertoriées au début du XXe siècle pour des raisons diverses. C’est le cas du Chevreuil européen, implanté à des fins cynégétiques, du Renard roux, probablement introduit volontairement – depuis sa première observation connue en 1973, ce carnivore s’est très bien implanté puisqu’il se tuerait à la chasse plus de 500 individus certaines années –, du Campagnol des champs qui a vraisemblablement colonisé l’île lors de la livraison de fourrage venant du continent, ou encore du Rat musqué et du Ragondin, deux espèces invasives venues à la nage.
Le cortège des amphibiens et des reptiles compte 19 espèces dont trois notamment ont un fort intérêt patrimonial : le Pélobate cultripède ou « crapaud à couteaux » en raison de la présence, sur ses membres postérieurs, d’un tubercule métatarsien d’un noir brillant lui permettant de s’enfouir rapidement dans le sable, le Lézard ocellé et la Cistude d’Europe. Cette dernière est une petite tortue à ne pas confondre avec la Tortue de Floride, espèce allochtone autrefois vendue comme animal de compagnie et malheureusement relâchée un peu partout. Sans oublier la Rainette méridionale (souvent confondue avec la Rainette verte) dont les chœurs qui peuvent compter plusieurs milliers d’individus, animent nos marais doux et saumâtres lors des chaudes soirées estivales, la Coronelle girondine, la Couleuvre verte et jaune (sans doute importée involontairement du continent où elle est répandue par endroits, lors de transports de matériaux)…
La grande richesse faunistique d’Oléron est favorisée par un climat à tendance méditerranéenne, une mosaïque de milieux – où prédominent marais et zones boisées – parfois étroitement imbriqués, un remembrement limité, et l’absence d’industries polluantes. Au vu du nombre d’espèces recensées, la ruine zoologique prédite par Dalmon (1933) ne s’est heureusement pas vérifiée, tout au moins en ce qui concerne les vertébrés « terrestres ». Néanmoins, la plus grande vigilance s’impose car ces dernières décennies, les zones urbanisées se sont développées de façon importante, et parfois anarchique, au détriment des milieux naturels, soumis par endroits à une surfréquentation qui n’est pas sans conséquences sur la dynamique de population de certaines espèces très localisées et/ou sensibles au dérangement. Qu’il nous soit permis d’en citer deux à titre d’exemple, toutes deux patrimoniales : le Pélobate cultripède (moins de 150 stations connues en France) et le Busard des roseaux (2 900 à 6 500 couples nicheurs dans l’hexagone). Plusieurs habitats oléronais du Pélobate cultripède ont été détruits tandis que des espèces invasives, prédatrices potentielles de ses têtards, à savoir l’Écrevisse rouge de Louisiane et la Perche-soleil (originaires toutes deux d’Amérique du Nord), ont été introduites pour la pêche de loisirs. D’un naturel plutôt farouche, le Busard des roseaux niche le plus souvent dans des roselières. Or nombre d’entre elles ont disparu après avoir été comblées ; d’autres sont situées dans des lieux si fréquentés que ce rapace y a un taux de reproduction très faible, quand il ne les a pas tout « naturellement » désertées.
Où peut-on voir des animaux sauvages à Oléron ?
1) La forêt domaniale de Saint-Trojan-les-Bains
De nombreux sentiers balisés mis en place par l’Office national des forêts (ONF) permettent de parcourir en tous sens cette forêt de quelque 1 800 ha, constituée principalement de Pins maritimes et de Chênes verts qui stabilisent d’anciennes dunes. Une suggestion, parmi bien d’autres, inspirée du plan de la commune de Saint-Trojan-les-Bains, indispensable pour être sûr de ne pas s’égarer (disponible auprès de l’office de tourisme) : à partir du port, emprunter sur 500 m le Sentier des Préposés (balisé en bleu) qui longe la route de la Grande-Plage puis prendre à gauche le sentier balisé en vert sur près de 2,5 km jusqu’au centre équestre des Bris ; bifurquer à droite pour emprunter sur 1,5 km la Passe des Bris (balisée en rouge) qui mène à l’océan ; peu avant d’arriver sur la dune grise, tourner à droite pour reprendre à nouveau le sentier balisé en vert qui rejoint le parking de la Grande-Plage distant de 1,2 km ; revenir ensuite au point de départ par le Sentier des Préposés. Soit un parcours d’un peu moins de 9 km qui traverse différents types de milieux fréquentés par diverses espèces. Entre autres : le Milan noir dont le cri n’est pas sans rappeler le hennissement d’un cheval (ce rapace nous quitte dès fin juillet pour ne revenir qu’en mars), la Buse variable – affublée du surnom, peu flatteur, de « cossarde » car elle chasse à l’affût, immobile, de longues heures durant –, le Rougegorge familier, la Mésange à longue queue, le Pinson des arbres, le Loriot jaune, le Pic épeiche dont la densité est ici de l’ordre de 5 couples aux 100 ha ou encore le Geai des chênes qui alerte tout le voisinage à la moindre inquiétude. En ce qui concerne les mammifères, on notera la présence du Lapin de garenne, du Renard roux, du Sanglier qui traverse de temps à autre le pertuis de Maumusson à la nage depuis le proche continent, ainsi que du Chevreuil européen dont le cri d’effroi est un aboiement rauque qui ressemble, parfois à s’y méprendre, à celui d’un chien.
2) Le littoral, de la Pointe des Doux à Fort Royer
Située sur la côte Est, entre le Château-d’Oléron et Boyardville, cette portion de littoral fait partie intégrante de la réserve naturelle de Moëze gérée par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). En période de migration et/ou en hiver, outre les milliers de canards et de Bernaches cravants qui stationnent en mer, nombreux sont les limicoles et autres petits échassiers – barges, bécasseaux (notamment le Bécasseau variable), chevaliers, courlis, gravelots, pluviers…– qui recherchent leur pitance sur le platin vaseux qui découvre jusqu’à 3 km à marée basse. Pour les observer au mieux, il est important de venir 2 à 3 heures avant la marée haute, si possible par fort coefficient, là où ils se regroupent au fur et à mesure que la mer monte (reposoirs de marée haute), en prenant surtout soin de rester un peu en arrière des digues pour limiter le dérangement. En partant du Château-d’Oléron, quelques points d’observation intéressants : la Pointe des Doux, le port ostréicole de la Brande, le chenal de la Baudissière, la Pointe d’Arceau, Bellevue et Fort Royer. Prévoir 36 km aller-retour en passant par les Allards.
3) Les Salines
Depuis Arceau, commune de Saint-Pierre-d’Oléron, prendre à bicyclette la petite route sinueuse qui traverse les marais jusqu’à la Vieille Perrotine ; se rendre à Boyardville pour emprunter le chemin blanc, réservé aux vélos, qui longe la forêt jusqu’à la Nouette ; rattraper Sauzelle par la route ; de là, une piste cyclable permet de rejoindre Saint-Pierre-d’Oléron puis de revenir à Arceau en faisant un crochet par la Boirie. Longueur du circuit : 15 km. Bien des oiseaux peuvent être observés dans ces anciens marais salants transformés partiellement en claires pour l’affinage des huîtres : le Héron cendré – appelé « égrun », dire « égron », en patois picto-charentais –, l’Aigrette garzette, le Héron garde-bœufs, le Tadorne de Belon, le Busard des roseaux, le Faucon crécerelle, l’Avocette élégante, l’Échasse blanche – sentinelle du marais, constamment sur le qui-vive –, le Chevalier gambette, le Chevalier culblanc, le Goéland leucophée, le Martin-pêcheur d’Europe, la Huppe fasciée, la Gorgebleue à miroir…
4) Les lagunes de la Bétaudière
À la sortie nord de Chéray, commune de Saint-Georges-d’Oléron, continuer en direction de Saint-Denis-d’Oléron par la D 734 sur environ 4 km ; prendre sur la gauche le chemin empierré situé 500 m après la piste cyclable qui coupe la route ; se garer sur le petit parking. Les lagunes qui s’étendent là, sur environ 25 ha, permettent d’épurer les eaux usées avant qu’elles ne soient rejetées en mer. Il est possible de les longer en partie pour effectuer plusieurs points d’observation : marcher pendant 300 m sur la piste cyclable qui part sur la gauche du parking (dos à la route) puis bifurquer à droite sur le chemin qui va en direction du Creux Chartier ; remonter ce dernier sur environ 600 m jusqu’au cinquième bassin puis revenir sur vos pas. Parcours de 1,8 km aller-retour. Ne pas franchir les clôtures ni vouloir monter sur les diguettes pour mieux voir par endroits afin de ne pas effaroucher les oiseaux présents. Ces lagunes où le Ragondin a élu domicile, offrent un havre de paix à toutes sortes d’oiseaux qui viennent s’y reposer, donnant lieu à des rassemblements de parfois plusieurs centaines d’individus, toutes espèces confondues. Parmi les plus facilement reconnaissables, on peut citer, pêle-mêle, le Grèbe castagneux, le Grand Cormoran dont les plumes ne sont pas imperméables, le Cygne tuberculé (parfois plus de 400 en été), la Sarcelle d’hiver, le Canard colvert, le Canard souchet, le Fuligule milouin, la Foulque macroule, le Goéland argenté… Sans compter les nombreuses espèces visibles aux alentours comme le Vanneau huppé, la Bécassine des marais, la Bergeronnette grise, la Grive musicienne ou encore le Bruant proyer.