Le Cygne tuberculé

Point n’est besoin d’être ornithologue pour reconnaître un Cygne tuberculé, espèce qui tire son nom du tubercule charnu et adipeux présent au dessus du bec. Surnommé également Cygne muet car il n’est pas vraiment prodigue de ses cris, ce palmipède a une envergure d’un peu plus de 2 m. C’est le plus gros oiseau européen capable de voler : son poids moyen est d’une dizaine de kilos, sachant que le mâle peut peser jusqu’à 23 kg ! Pour réussir à décoller, il lui faut courir sur plusieurs dizaines de mètres sur l’eau ou à terre en battant vigoureusement des ailes…

L’aire de reproduction initiale du Cygne tuberculé couvre l’Asie centrale jusqu’à l’est de la Chine ainsi que le centre et le nord de l’Europe. Introduite au cours du Moyen Âge dans les parcs seigneuriaux comme oiseau d’agrément, ce n’est que bien plus tard, à partir des années 1970-1975 que l’espèce a progressivement colonisé le territoire national (à partir d’individus échappés de captivité ou venus des populations sauvages d’Europe de l’Est). Considérée comme étant en forte progression depuis les années 1980, elle comptait alors moins de 1 000 couples nicheurs, la population française est estimée à probablement 6 000-7 000 couples en 2009-2012, répartis principalement dans les grandes zones humides littorales et continentales ainsi que dans les vallées alluviales. La population hivernante, quant à elle, augmente régulièrement depuis les années 1970. Elle est passée de moins de 1 000 individus en 1980 à plus de 20 000 individus en 2012 et 2013.

En Charente-Maritime, les données précises concernant la densité de l’espèce sont peu nombreuses. Dans le Marais de Brouage, ce ne sont pas moins de 47 nids qui ont été recensés en 2007 dans une zone témoin de 20,5 km² située entre la citadelle de Brouage et la départementale 123. À Oléron, l’espèce s’est reproduite semble-t-il pour la première fois à la fin des années 1980, suite à l’introduction d’un couple, près du Moulin d’Arceau (Saint-Pierre-d’Oléron). Durant la même période, 1 à 2 couples semi-domestiques se sont reproduits non loin de là, aux alentours du Marais aux Oiseaux. En 2017-2019, la population insulaire est estimée à 25-30 couples nicheurs. Au moment de la mue postnuptiale, il n’est pas rare de voir dans le nord de l’île des rassemblements pouvant atteindre 400 à 500 individus sur les bassins de lagunage de l’Achenaud (Saint-Denis-d’Oléron), rassemblements constitués en grande partie d’oiseaux non nicheurs (maturité sexuelle à 3-4 ans, pour une durée de vie maximum de 25 ans).

Le Cygne tuberculé se nourrit principalement de végétaux aquatiques, en plongeant la tête jusqu’à 1 m de profondeur. Il consomme également des racines et des plantes, mais aussi toutes sortes de petits animaux comme par exemple des mollusques, des vers et des insectes.Sa ration quotidienne est estimée à un peu moins de 4 kg (poids frais).

Sauf exception, l’espèce est réputée monogame. Les couples sont territoriaux : les mâles tout particulièrement sont agressifs vis-vis des autres espèces. Les conjoints restent unis pendant plusieurs années. La ponte est déposée à partir de la mi-mars dans un nid de 1 à 2 m de diamètre. Dans le Marais de Brouage, 126 pontes complètes trouvées en 2005-2007 (données Marais aux Oiseaux) contenaient 6 œufs en moyenne (2 à 13). L’incubation dure 5 semaines. Les poussins, appelés cygnons, sont nidifuges. Élevés par les deux parents, ils sont volants à 4-5 mois. Leur plumage est le plus souvent gris brun (il deviendra blanc après la mue complète) tandis que leur bec et leurs pattes sont gris ardoise. Le saviez-vous ? Selon les régions, une proportion variable de jeunes ont un plumage blanc tandis que leur bec et leurs pattes sont roses. Il s’agit d’une mutation apparue il y a un siècle et qui se transmet de façon héréditaire.

Le Cygne tuberculé ; Faune Oléron
Le Cygne tuberculé en vol. Faune Oléron
Le Cygne tuberculé : les poussins appelés cygnons

Quelques références parmi d’autres pour en savoir bien plus :

Deceuninck (B.), Issa (N.) & Dalloyau (S.) 2015.– Cygne tuberculé Cygnus olor. In Issa (N.) & Muller (Y.) (Éds), Atlas des oiseaux de France métropolitaine. Nidification et présence hivernale. LPO/SEOF/MNHN. Delachaux et Niestlé, Paris.
Géroudet (P.) & Cuisin (M.) 1999.– Les Palmipèdes d’Europe. Delachaux et Niestlé, Paris.
http://biologie.ens-lyon.fr/ressources/Biodiversite/Documents/image-de-la-semaine/images-de-2012/semaine-20-14-05-2012
http://faune.bourgogne-nature.fr/fichiers/bn11-p93a98_1405412523.pdf
http://www.oncfs.gouv.fr/IMG/file/oiseaux/oiseaux-eau/FS287_pere.pdf
https://inpn.mnhn.fr/docs-web/docs/download/194776
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00723066/file/MANUSCRIT_FRANCOPHONEok.pdf
https://www.faune-charente-maritime.org/index.php?m_id=509&y=-1&y_start=2011&y_stop=2020&speciesFilter=&frmSpecies=54&frmDisplay=Affichez

Texte et photos © Christian Bavoux