La famille des picidés compte quelque 200 espèces répandues à travers le monde. De la taille d’un Merle noir, pour un poids compris entre 70 et 100 g, l’Épeiche est sans conteste le plus répandu des pics européens. D’aspect bigarré, il arbore un plumage à dominante noir et blanc avec un bas-ventre rouge vif. Les mâles se distinguent des femelles par la présence d’une tache rouge derrière la nuque. Deux autres espèces de pics nichent à Oléron : le Pic épeichette qui, comme le suggère son nom, est bien plus petit, et le Pic vert, deux fois plus gros. À savoir : le Pic épeichette a colonisé Oléron au cours des années 1970 et le Pic vert une quarantaine d’années plus tard.
Comme d’autres pics, l’Épeiche présente plusieurs adaptations anatomiques liées à son mode de vie forestier : des pattes courtes avec deux doigts dirigés vers l’arrière et deux vers l’avant ainsi que des rectrices – les plumes de la queue – très rigides pour prendre appui contre le tronc des arbres, un bec servant à la fois de ciseau à bois et d’outil de percussion pour marquer son territoire en tambourinant avec vigueur, à intervalles réguliers, sur une branche morte sèche ou tout autre support pouvant faire office de caisse de résonance… Des adaptations complexes au niveau du crâne permettent à l’Épeiche de rester « piqueur » sans devenir « marteau », sachant qu’à chaque fois qu’il tambourine, il donne 5 à 20 coups de bec en 0,6 seconde en moyenne !
Le régime alimentaire de ce pic est très éclectique : principalement des larves de coléoptères et de papillons, mais aussi des insectes de toutes sortes (des fourmis aux sauterelles en passant par des guêpes…) ainsi que des œufs et oisillons de passereaux divers. C’est aussi un grand amateur de graines durant la saison hivernale. À ce propos, nombre de guides décrivent les « forges » utilisées dans les pays nordiques, le plus souvent des crevasses dans le tronc des arbres, où l’Épeiche vient coincer les cônes de conifères, par exemple ceux de l’Épicéa commun qu’au préalable il a détachés de leur support afin d’en extraire les graines. Dans notre région, les cônes du Pin maritime sont, quant à eux, bien trop lourds pour qu’il puisse les transporter, aussi l’Épeiche procède-t-il autrement : il les décortique sur place en faisant 1 à 2, rarement 3 entailles de près de 2 cm de largeur, sur quasiment toute leur longueur.
Une étude réalisée de 1980 à 1984 a permis de constater que la densité du Pic épeiche est en moyenne de 5 couples nicheurs aux 100 ha en forêt domaniale de Saint-Trojan-les-Bains où les essences dominantes sont le Pin maritime et le Chêne vert. Dans cette même forêt, le suivi de 144 nids a permis de déterminer que c’est principalement fin avril et début mai que la femelle dépose 2 à 8 œufs (5 en moyenne) dans une ancienne cavité, appelée loge, située de 2 à 8 m du sol, généralement dans un arbre mort, à moins qu’une nouvelle cavité ne soit creusée pour l’occasion… Les loges inoccupées serviront de sites de nidification à bien d’autres passereaux cavernicoles comme la Mésange charbonnière !
Lorsqu’ils quittent le nid, les jeunes pics – en moyenne 2 à 3 par nichée réussie – doivent être vigilants, car ce sont des proies faciles, notamment pour deux rapaces forestiers : l’Autour des palombes et l’Épervier d’Europe. La durée de vie maximum relevée dans la nature est d’au moins 13 ans, mais bien peu d’individus atteignent cet âge canonique !
Quelques références parmi d’autres pour en savoir bien plus :
Bavoux (C.) 1985.– Données sur la biologie de reproduction d’une population de Pics épeiches Picoides major. ORFO, 55 : 1-12.
Géroudet (P.) & Cuisin (M.) 2010.– Les Passereaux d’Europe – Tome 1 – Des Coucous aux Merles. Delachaux et Niestlé, Paris.
Muller (Y.), Legendre (F.) & Issa (N.) 2015.– Pic épeiche Dendrocopos major. In Issa (N.) & Muller (Y.) (Éds), Atlas des oiseaux de France métropolitaine. Nidification et présence hivernale. LPO/SEOF/MNHN. Delachaux et Niestlé, Paris.
http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/5009/513_524.pdf?sequence=1
http://ibc.lynxeds.com/species/great-spotted-woodpecker-dendrocopos-major
http://www.attiredailes.be/Ornithologie/pics/tambourinages.html
http://www.larousse.fr/encyclopedie/vie-sauvage/pic_%C3%A9peiche/184860
http://www.ornithomedia.com/pratique/debuter/pourquoi-pics-ont-ils-pas-mal-tete-00575.html
http://www.vigienature.fr/fr/pic-epeiche-3524
Texte © Christian Bavoux
Photos © Denis Avondes (Pic épeiche le long d’un tronc) & Christian Bavoux