Les huîtres de Marennes-Oléron
Elles sont réputées dans le monde entier pour la finesse de leur goût.
Pour produire une huître de Marennes-Oléron, il faut trois à quatre ans. Elle grossit d’abord dans les parcs en mer, avant la finition -l’affinage- en claires.
Si la commercialisation dans le secteur de la grande distribution a pris au fil des années de plus en plus d’importance, la vente directe, sur les marchés ou dans les cabanes, permet à bon nombre d’ostréiculteurs de mieux gagner leur vie.
Faire reconnaître l’affinage en claires n’est pas aisé, aussi les ostréiculteurs du bassin ont mis en place différentes marques de qualité et Labels Rouge. Car l’absence de mécanisation et des conditions de production parfois difficiles empêchent ce bassin de baisser les coûts de revient d’un produit un peu particulier. L’affinage, et la communication autour de cette méthode, restent donc le seul moyen de valoriser l’huître de Marennes-Oléron, et d’espérer conserver une population ostréicole dans la région.
Les touristes, de mieux en mieux acceptés et très attirés par ces chenaux et marais aux couleurs étonnantes, représentent aussi un fort potentiel de développement de l’ostréiculture, et les initiatives des ostréiculteurs à leur encontre se sont multipliées…
A lire aussi l’article sur les paysages et balades : la route des huîtres.
Du naissain aux fines de claire Marennes-Oléron
Il faut quatre années pour produire une huître de claire. Le naissain de “Gigas” naît en été à Marennes-Oléron ou à Arcachon.
Traditionnellement l’ostréiculteur capte lui-même ses huîtres, en installant des collecteurs, autrefois en tuiles et ardoise, aujourd’hui le plus souvent en plastique. Le naissain va grossir ensuite en mer dans les parcs charentais, bretons ou normands. Le demi-élevage dure au maximum deux ans.
A la fin de cette période, les huîtres vont être détroquées, à la main, c’est-à-dire détachées de leur support. Sans cette opération, souvent effectuée dans les cabanes par les femmes, les huîtres pousseraient les unes sur les autres et seraient le plus souvent difformes, comme les huîtres sauvages que l’on peut ramasser sur les rochers. Les ostréiculteurs peuvent aussi acheter des huîtres d’écloserie, qui sont déjà séparées une à une, ce qui évite le détroquage.
L’huître va ensuite être mise en poches et emmenée sur les parcs de l’estran, sur des tables en fer (l’élevage à plat sur le sol ayant pratiquement disparu de nos côtes) pour y grossir. C’est le ballet des pontons ostréicoles que l’on peut observer à chaque marée importante, du pont d’Oléron par exemple.
Au bout de trois ans environ, l’huître va être prête pour la phase ultime, et propre à Marennes-Oléron : l’affinage en claires. C’est dans ces bassins argileux et de faible profondeur, que l’huître, pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois va acquérir son goût particulier, et sa couleur verte si la navicule bleue (algue unicellulaire) daigne se montrer.
Les huîtres sont alors prêtes à être commercialisées. Emballées dans les cabanes dans des bourriches, elles vont être expédiées dans toute la France et l’Europe, vers les marchés, poissonneries, halles de Rungis et grandes surfaces.
Histoire de l’huître Marennes-Oléron
D’après l’histoire, les romains appréciaient déjà les huîtres du bassin de Marennes-Oléron, appelé alors “Mare Santanum”. Elles étaient la vedette des banquets et étaient transportées jusqu’à Rome à grands frais. A cette époque, et jusqu’en 1922 où l’espèce fut quasiment entièrement décimée, c’est l’huître plate qui était ramassée et cultivée dans le bassin de Marennes-Oléron. La portugaise prit ensuite le relais, pour être remplacée à son tour par l’huître japonaise devenue l’espèce principale du bassin depuis 1970.
C’est en 1868 que l’huître plate, Ostrea edulis, vit sa suprématie menacée pour la première fois. Le Morlaisien, un navire transportant des huîtres en provenance du Portugal, subit une avarie à proximité de l’estuaire de la Gironde. Malgré les ordres, Hector Patoizeau, capitaine du bateau, préféra larguer sa cargaison à l’endroit où il se trouvait plutôt que d’attendre d’avoir atteint le large. Le stock ainsi déchargé sur nos côtes s’acclimata très bien et proliféra, et l’huître portugaise prit la relève de l’huître plate lorsque celle-ci fut ravagée par la maladie en 1922.
La portugaise, Crassostrea angulata, modifia les méthodes d’élevage et permis le développement de l’ostréiculture moderne. En 1970, cette espèce fut victime à son tour d’une épizootie qui ravagea tout le stock. On fit alors venir du Japon du naissain de Crassostrea gigas, une huître à la croissance plus rapide qui sauva l’ostréiculture française.
Aujourd’hui, les scientifiques, notamment ceux d’Ifremer, continuent l’étude d’autres espèces, de façon à pouvoir réagir le plus vite possible si une nouvelle épizootie survenait…
©Photos Hugues Chemin – Sauf reproductions de cartes postales, voir mentions.
A consulter sur l’ostréiculture : Comité Régional de la Conchyliculture : site